Mains au noir








Quelques vagues là-bas
Lignes croisées sur un horizon indéfinissable
J'ai appris à te lancer des mots en silence
Je te lance au loin des mots
Les mêmes qui
  Autour de ma taille flottaient comme une bouée
Contre les noyades renouvelées
J'entends leur chute dans ta mousse
Et puis j'attends
Le fil est tendu, le fil est dur
L'envie de le tenir entre les dents tenace
Je te mesure à l'aune de tes aveux
Ne pas laisser pousser 
Contre les échafaudages transatlantiques
Les liserons de l'anticipation
Laisse-moi m'évaluer
Laisse-moi rassurer mes secrets
L'histoire est exubérante
Ma mémoire saturée
Nous verrons
Nous nous verrons
Sans doute pour mieux nous adopter
Sans se reconnaître
 Condamnés pour toujours à l'étonnement
Entreprendre une nouvelle fois
Les prémisses des balbutiements






Février 2016




Combustible Courroux







Les éruptions sont rares
La lave est engourdie 
Un peu d'irritation cimente mes mâchoires
 Sous elles crisse une erreur 
L'idée d'une conte calciné par son inconvenance
Il est des actes incommensurables sur la durée 
Des égarements sans conclusion
Que l'oubli
Mais où, l' oubli quand là où se ranime la mémoire
Est l'étuve même des affronts 
Une renaissance dans la fournaise des grands torts 
La Cosa Nostra cachectique de la dignité retournée 
Que l'ampleur d'une nouvelle aventure soit l'azote de cette braise
Lentement s'efface de la nécessité
Qu'un autre oublie à ma place ce qui m'est ignifiable
Les vieux outrages baroques et les outrecuidances
Éteigne d'un glaire précis la flamme des promesses inconnues
 Qu'un autre oublie pour moi 
À l'entrée de cet enfer de seconde classe
Là où les semelles de plomb du mensonge
Ont tant piétiné la réparation
Et le deuil bleu qui l'accompagne
Qu'un autre pour ce qu'il est, pas plus 
Lâche sur moi les jets humides de son ignorance
Enfin
Les jets tièdes aussi






Février 2015

Réveils alizéens











Au cours de ces quelques matins, sans effort
S'est évanoui l'ancien testament
Que j'avais lu jusqu'à en brûler les pages, aux angles
Et qui m'accompagnait de sa pesanteur au réveil
Le temps, rituel jusqu'à ses tréfonds
Dans l'effacement de son débit
Puis, donc, sans vraiment prendre garde, s'est allégé ce pli
Et l'entrée dans les heures a pris à mon insu
Le rythme un peu désuet des pas de valse
Un nouvel accès de candeur ?
Bouche fermée, je chantonne en apnée
Bien sûr l'arme est encore humide sous l'oreiller
Et les scansions maintenant si anodines n'empêchent pas de regarder derrière
L'avant pourtant est ainsi fait
Que je suis maintenant dans l'après
Mais que, aux aubes, je n'y crois guère








Février 2016

































Février 2016